Indispensable pour gérer son troupeau !
Le revenu de l’éleveur ovin est déterminé principalement par la productivité numérique de son troupeau et par l’optimisation des charges alimentaires face à cette productivité. La productivité est directement conditionnée par la réussite des luttes et des mises bas ainsi que par l’optimisation des charges alimentaires et de l’organisation du travail qui doivent être en accord avec les différents stades physiologiques des brebis au sein du troupeau.
Pour mettre tous les atouts de son coté un outil très performant et peu onéreux existe pour contrôler la réussite des luttes : LES ECHOGRAPHIES.
Pourquoi utiliser l’échographie ?
- Pour identifier au plus tôt les brebis qui sont gestantes ou pas et décider de la conduite à leur appliquer : réforme, remise en lutte, orientation vers des pâtures riches ou vers la colline, transhumance ou pas, vente de femelles garanties pleines, traitements sanitaires, prévision de production …
- Pour connaître au plus tôt le nombre d’agneaux pour chaque brebis et pouvoir mieux adapter l’alimentation : rationner les vides au profit des pleines, trier les brebis pleines trop maigres, ne pas trop complémenter les mères de simples pour éviter des agneaux trop gros à la naissance mais privilégier les mères de doubles…
- Pour améliorer le taux de survie des nouveau-nés en modulant le régime alimentaire des mères.
- Pour déterminer la période de tarissement dans le cas des laitières.
- Pour connaître au plus tôt le nombre de brebis à agneler et dimensionner la main d’œuvre nécessaire, les bâtiments, les stocks de fourrage…
Bref, on pourrait plutôt se demander pourquoi ne PAS utiliser l’échographie !!!
La détection des gestations par échographie est un outil rentable de gestion qui permet d’améliorer la conduite de la reproduction, la gestion de l’alimentation et le taux de survie des nouveau-nés. C’est sans doute pour cette raison que le nombre d’échographies réalisé chaque année dans notre région augmente. En 2018 ce sont 134000 échographies qui ont été pratiquées pour 398 chantiers.
Principe de l’échographie
La technique de l’échographie consiste à émettre des ultrasons dans la cavité abdominale de la brebis par l’intermédiaire d’une sonde enduite de gel et placée à coté de la mamelle. Ces ultrasons « rebondissent » plus ou moins selon la dureté des tissus internes qu’ils rencontrent et retournent vers la sonde qui les a émis. C’est cet écho en retour qui est converti en images et qui donne une vue en coupe du contenu abdominal de la brebis.
L’interprétation de cette image nécessite une certaine expérience notamment pour réaliser le dénombrement des fœtus.
Dans la mesure où l’image obtenue est de bonne qualité, la fiabilité de cette technique est incontestable : quasiment 100 % pour les diagnostics vide/pleine. Pour le dénombrement la fiabilité dépend des conditions de contention, du stade d’intervention, du calme des animaux, de la prolificité des brebis et bien sûr du niveau d’expérience de l’opérateur. Les opérateurs qui pratiquent le dénombrement dans notre région PACA ont, pour le moment, une fiabilité de l’ordre de 70 à 80 % .
L’organisation du chantier :
Dans notre région le temps où il fallait attraper et retourner chaque brebis pour faire des échographies, est révolu depuis longtemps.
Aujourd’hui les échographies sont pratiquées à poste fixe, en bout de couloir, avec blocage de la brebis avec porte cornadis en position debout. A la coopérative l’Agneau Soleil, où l’on fait des échographies depuis 20 ans, l’opérateur intervient avec une remorque de contention spécifique qui permet d’intervenir même en extérieur par tout temps et qui est équipée d’une cage de contention spéciale pour les échographies. Avec cet équipement et un appareil d’échographie très performant, l’opérateur assis dans la remorque bloque la brebis debout, il l’échographie, il enregistre le résultat sur un compteur, marque la brebis et la libère (en la triant éventuellement). L’éleveur n’a qu’à faire monter les brebis dans la remorque qui est placée en bout de couloir de contention.
Avec ce type de système directement inspiré des néozélandais (et unique en France !), il est courant d’arriver à faire 300 brebis à l’heure en vide/pleine et entre 100 et 150 brebis à l’heure en dénombrement et avec un minimum de main d’œuvre.
L’échographie peut permettre également, par la visualisation de la taille du fœtus, de donner l’âge de celui-ci ce qui est très intéressant pour trier les brebis selon le moment prévu d’agnelage ou en élevage laitier pour prévoir les tarissements.
L’obtention d’une image permettant un diagnostic fiable dépend également du stade de gestation de la brebis. Avant 30 jours la poche amniotique et l’agneau sont d’une taille très petite qui accroit les risques de « passer à coté ». De plus, à ce stade, les cotylédons (« ventouses » typiques du placenta de la brebis) ne sont pas encore bien formés ni visibles.
Après 80 jours l’agneau est trop gros pour donner une vue d’ensemble et, s’ils sont plusieurs, ils sont difficiles à individualiser pour les dénombrer. On retient donc que la période optimale d’intervention pour un diagnostic par échographie est entre 50 jours et 80 jours. Donc pour une lutte d’une durée d’un mois on interviendra 50 jours après avoir sorti les béliers du troupeau et l’on sera donc en plein dans la période optimale.
Quelques témoignages :
G.Goletto (éleveur à Mane) :
« Je gère un troupeau avec deux lots déssaisonnés et sans lutte de rattrapage systématique. Je vérifie donc la réussite des saillies systématiquement avec les échographies. Grâce à cela j’ai pu refaire une lutte ce printemps car ma lutte de janvier n’a pas été assez fertile. Sans cela un bon nombre de brebis seraient restées vides jusqu’à la lutte de fin Juillet… »
Mr Goliath (éleveur à Villeneuve) :
« Cela fait plus de 10 ans que nous faisons échographier nos brebis début janvier en prévision de l’agnelage de printemps. Cela me permet de trier les pleines qui agnelleront sur des prés de Crau et les vides qui finiront l’hiver en colline.Nous faisons 800 à 1 000 brebis en une demie journée et avec une fiabilité de plus de 95 % . »
Mme Cordier (éleveur laitier à Château Arnoux) :
« Je fais échographier mes brebis lacaune après chaque lutte par insémination. Grâce à ce diagnostic je trie les vielles brebis vides à réformer et je peux également repérer les brebis pleines de l’I.A. ou de la repasse au bélier. Ainsi les pleines seront taries plus tôt et complémentées pour que leurs agneaux profitent mieux .Ceci d’autant plus si c’est de l’I.A. qu’elles ont
retenu ! »
Mr Derbez (éleveur au Martinet) :
« Etant en label agneau de Sisteron, je pratique le déssaisonnement sur une grosse partie de mon troupeau qui agnèle début Juin. Ma coopérative nous
aide dans ce projet en nous proposant des échographies gratuites pour les agnelages en période de transhumance. Ainsi, mes brebis luttées en Février sont testées en Avril et je sais alors lesquelles resteront en bas pour agneler et lesquelles partiront en alpage. »
En quelques chiffres !
Nombre d’échographies (2018) | 133955 |
Nombre d’éleveurs concernés | 294 |
Nombre de chantiers | 398 |
Cadences de travail | |
vide/pleine | 350 brebis/heure |
dénombrement | 180 brebis/heure |
vitesse maxi v/p | 500 brebis/heure |
Taux de réussite | |
vide/pleine | 99 % |
dénombrement | 95 % |